Quel modèle agricole juste et écologiquement soutenable ?
L’agriculture limousine, de type extensif, à des atouts mais son avenir est étroitement lié aux réponses qui seront apportées aux grandes questions qui agitent le monde agricole. Si la production n’a cessé de progresser au cours des cinquante dernières années, la question alimentaire reste bien en effet au centre des enjeux de demain. La moitié de la population mondiale n’est pas correctement alimentée, et la souveraineté alimentaire reste plus que jamais un objectif incontournable. Notre modèle agricole est en crise : une grande partie des paysans ne trouve pas dans son travail les revenus suffisants pour satisfaire ses besoins. Cette crise sociale provoque exode rural et migrations forcées. Cette crise est aussi environnementale. Perte de fertilité des sols, perte de terres arables, pertes de biodiversité, déforestation, épuisement des ressources non renouvelables, contaminations de l’environnement et des hommes sont autant de problèmes urgents que nous devons résoudre. Ce modèle, accompagné en Europe par la PAC (politique agricole commune) mène à une impasse, il est confronté à ses limites écologiques et contribue au réchauffement climatique. Ces problèmes sont inédits dans l’histoire de l’humanité et constituent le défi que nous devons affronter collectivement. Ils posent la question de notre modèle de société, et des choix politiques que nous avons à faire. La question agricole est ainsi au carrefour des grands enjeux d’aujourd’hui et elle est le symbole de la faillite du système capitaliste. Il s’agit donc de proposer un nouveau modèle agricole, articulé à un nouveau modèle social. Quelle agriculture voulons nous ? Nous devons redéfinir notre modèle agricole, mais aussi élaborer les outils nécessaires pour opérer la transition. Penser le futur mais également nous donner les moyens de construire le présent. Nous devons redéfinir un projet agricole mais également le transformer en décisions politiques, et en actions. Ce projet tourne autour de quelques questions majeures :
1. Faut il produire toujours plus ?
Il faut répondre au défi alimentaire de nourrir une population croissante avec une alimentation saine pour tous. Comment faire croitre la production agricole tout en préservant l’équilibre de l’écosystème ? Quel modèle agricole est le mieux à même de le faire ? L’agriculture intensive est elle plus productive que l’agriculture paysanne ? Comment garantir la souveraineté alimentaire ? Ne faut il pas sortir agriculture de sa dépendance aux industries chimiques et semencières ainsi que de la grande distribution ? Comment pouvons nous assurer l’autonomie des exploitations ?
2. Quelle agriculture pour créer de l’emploi et rémunérer correctement les paysans ?
Que pouvons nous faire pour que le paysan vive de sa production ? La concentration des exploitations est-elle la solution à ce problème ? Comment enrayer la disparition des exploitations agricoles et installer de nouveaux paysans ? Ne faut-il pas encourager la diversification des productions ? Quels liens avec les autres activités en milieu rural ? De quels outils la puissance publique doit elle se doter ? Quelle politique foncière pour une agriculture inscrite dans le territoire ?
3. Comment produire ?
Le modèle productiviste rencontre ses limites (perte de fertilité des sols, recrudescence des parasites, raréfaction des ressources en eau, dégradation des écosystèmes, effets du changement climatique). Comment maintenir voire améliorer la fertilité des écosystèmes quand tout pousse le paysan à produire plus pour simplement survivre ? Comment assurer la reproduction du potentiel productif des écosystèmes cultivés et sortir de la logique capitaliste de maximisation du potentiel productif qui traite l’écosystème à la manière de l’industrie minière en la détruisant pour s’en approprier les ressources ? Avons nous des solutions à ce problème ? Comment mieux associer le savoir faire paysan à la recherche agronomique ?
4. Quelle politique agricole d’urgence ?
Quels outils pour opérer la transition : nouvelle PAC, politiques agricoles nationales, politique foncière. Quelle politique commerciale : coopération ou concurrence ? L’agriculture peut elle être soumise aux lois de la concurrence libre et non faussée et aux diktats des marchés ?