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Déc 03

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Par et pour le peuple !

Résolution politique votée en Conseil National du Parti de Gauche le 30 novembre 2014

A mi-mandat, la crise sociale et économique se double d’une aggravation spectaculaire de la crise politique. Elle est devenue une crise de régime. Elle peut se résumer à une question : sur quelle légitimité François Hollande s’appuie-t-il pour imposer au pays pareille politique ? Il est insupportable que le vote majoritaire pour tourner la page des années Sarkozy soit ainsi nié par la volonté d’un seul homme, piétiné et au final inversé. François Hollande pourra-t-il tenir deux ans ½ sans aucune adhésion populaire, avec une opposition interne dans sa majorité, avec un gouvernement sans majorité absolue lors du vote de confiance puis du budget à l’Assemblée, alors qu’il enregistre défaite sur défaite ? Toute la déliquescence démocratique de la 5ème République se révèle ici. Cela nous impose désormais de chercher aussi une issue alternative sur le terrain de la souveraineté populaire, niée par la concentration oligarchique du pouvoir orchestrée par la double architecture institutionnelle qui nous surplombe : la 5ème République et l’Union Européenne, toutes deux au service de ceux qui gagnent les élections sans jamais s’y présenter, le MEDEF et le CAC 40.

Un bilan de mi-mandat catastrophique

Le gouvernement Valls 2 avait annoncé la couleur, notamment avec la nomination d’Emmanuel Macron à Bercy, des attaques scandaleuses contre les chômeurs, la relance des partenariats publics privés notamment pour des grands projets inutiles et imposés, le pacte de « responsabilité », l’abandon de toute velléité d’encadrement des loyers et le retour à une fiscalité avantageuse pour les promoteurs, la remise en cause de la politique familiale résultant des exonérations sociales, François Hollande lors de sa pitoyable intervention médiatique de mi-mandat l’a confirmé : ce gouvernement est celui de la finance et du Medef. Il a ainsi officialisé la remise en cause des seuils sociaux et l’extension du travail du dimanche, allant même jusqu’à reprendre la revendication du Medef quant à la transformation des dizaines de milliards du CICE en exonérations de cotisations patronales. Devant ces courbettes empressées, le Medef se prend à rêver de casser tout ce qu’il reste de l’Etat social. Il aurait tort de se gêner : qui peut assurer désormais que ce qui paraît aujourd’hui comme une provocation patronale, par exemple la fin de l’ISF, ne soit pas demain la feuille de route d’un gouvernement entièrement tourné vers la satisfaction toujours inassouvie des marchés et de la finance ?

La crise provoquée par le capitalisme financier reste pourtant entière. La population subit de plein fouet l’austérité généralisée : hausse dramatique du chômage, casse du tissu industriel français, délocalisations, chute du pouvoir d’achat, difficulté à se loger, à se soigner, à s’éduquer et à se nourrir convenablement etc. La politique de François Hollande ne peut pas marcher car la main invisible du marché ne finira pas par régler une crise dont elle est la cause. En avouant qu’il ne comptait plus faire baisser le chômage avant des mois le Ministre du Travail a d’ailleurs admis cet échec. Cet échec est évident en France comme ailleurs comme le montrent les chiffres économiques de l’Italie et même de l’Allemagne au cours du premier semestre 2014.

Cette politique, libérale sur le plan économique, l’est également sur le plan de la politique territoriale et de la réforme de l’Etat. Hollande s’apprête en effet à sacrifier l’organisation territoriale issue de la Révolution Française sur l’autel de l’austérité et de la compétitivité. La réforme territoriale, c’est la mise en concurrence généralisée des territoires à partir des métropoles et de grandes régions redessinées uniquement dans cet objectif. C’est la casse d’une République une et indivisible reposant sur le principe d’égalité des citoyens sur l’ensemble du territoire. C’est pourquoi nous refusons la suppression des départements et la féodalisation du pays.

La politique de François Hollande ne vaut pas mieux sur la question environnementale. Au sommet de l’ONU pour le climat, les représentants français ont, comme les autres dirigeants mondiaux, orienté les négociations dans le sens de fausses solutions libérales. Ils n’ont pas entendu les peuples qui se sont exprimés pour des solutions de justice climatique. En s’engageant au côté des multinationales et des libéraux pour ces prétendues solutions de capitalisme vert, François Hollande a choisi son camp pour préparer la Conférence COP 21 de 2015 à Paris.

Cette politique se double désormais d’un volet répressif d’une dureté exceptionnelle. La dénonciation d’une politique austéritaire n’a jamais été aussi appropriée. Pour imposer ses choix de moins en moins légitimes, en matière sociale et productiviste, le gouvernement a cherché à criminaliser le mouvement syndical comme l’ont montré le refus de la loi d’amnistie et les condamnations de différents syndicalistes traînés en justice pour refus de se soumettre à des tests d’ADN dont les derniers exemples sont ceux de la Confédération paysanne opposés à la ferme aux mille vaches à côté d’Amiens. La loi anti-terrorisme adoptée aggrave encore la privation de liberté et les risques de criminalisation. Mais au Testet (Tarn), le sombre bilan à mi-mandat de François Hollande est devenu dramatique. Pour la première fois depuis la mort de Malik Oussekine il y a 28 ans, un jeune homme, Rémi Fraisse, a en effet été tué par la police lors d’une manifestation en raison, comme à l’époque, d’une politique de fermeté et de montée de la tension décidée par le gouvernement. Les forces de police ayant été sciemment utilisées à cette fin comme le révèle l’enquête, la responsabilité est politique. En République, la démission d’un ministre est la seule façon pour le gouvernement d’assumer une telle responsabilité. C’est pourquoi nous avons et nous continuons à demander la démission de Bernard Cazeneuve.

Le passage en force est aussi ce qui caractérise une politique étrangère qui n’a jamais été aussi caricaturalement atlantiste. Face aux massacres de Gaza, François Hollande a pris fait et cause pour le gouvernement israélien. En Ukraine il s’est aligné derrière la vision idéologique et géostratégique agressive des Etats-Unis et de l’OTAN. Le monarque a décidé seul d’engager le pays dans une guerre en Irak qui, comme toutes les guerres menées là-bas par les Etats-Unis, ne réglera aucun problème mais au contraire les aggravera. Nous ne nous sommes pas laissé entraîner dans une pseudo unité nationale sous prétexte de lutte anti-terroriste. Daesh, comme tous les groupes intégristes et fascistes, est évidemment notre adversaire mais on ne peut donner à des pyromanes le soin de jouer aux pompiers. Toute solution doit passer par l’ONU, par son soutien aux Etats et populations concernés en premier lieu par cette menace intégriste mais aussi par un règlement international de la situation dans cette région du globe qui passe déjà par le respect et l’application de toutes les résolutions de l’ONU. Engagé ainsi derrière Washington, François Hollande empêche la France de jouer un rôle politique en ce sens. Avec le grand marché transatlantique, l’Union Européenne va également devenir un simple vassal des Etats-Unis.

Le bilan à mi-mandat est donc catastrophique, quels que soient les domaines : économique, social, politique, international mais aussi environnemental.

Ne rien lâcher contre ce gouvernement

L’année va probablement se terminer par le vote du budget le plus austère depuis la 5ème République. Cette fois la loi de programmation budgétaire pour les prochaines années s’attaque pour de bon aux dépenses publiques. En coupant ainsi les investissements publics, le gouvernement supprime le dernier moteur de l’activité économique effectif sur ces trois dernières années, la demande du privé étant dramatiquement orientée à la baisse. Le gouvernement baisse ainsi ses dotations aux collectivités locales de 28 Mds jusqu’en 2017, ce qui va peser lourdement sur l’investissement, les politiques et les services publics.

En l’approuvant la majorité gouvernementale a tourné le dos au mandat pour lequel elle a été élue. Certes, Manuel Valls n’a pas obtenu en première lecture du budget une majorité absolue comme ce fut déjà le cas pour le vote de confiance. Les dissidents de sa majorité étaient pourtant en nombre suffisant pour le renverser mais ils ne l’ont pas fait, abdiquant le pouvoir qui leur est confié par le peuple. Ils ont donc donné au Premier ministre la possibilité de continuer à saccager le pays. Il n’y a donc pas de majorité alternative à l’assemblée. Ce n’est donc pas d’elle que viendra la solution dans les mois à venir.

Seul le peuple en action peut faire ce que l’Assemblée n’a pu – voulu – opérer : mettre fin au Gouvernement Valls. Cela passe par plusieurs terrains de batailles. Ils sont complémentaires. Il est donc indispensable de les occuper tous.

Celui de la contestation sociale et écologique est évidemment de ceux-la.

Nous continuerons à ne rien lâcher au gouvernement et au Medef sur ce terrain. Le Parti de Gauche entend donc œuvrer à la résistance unitaire de tous ceux qui refusent cette politique. C’est pourquoi nous avons proposé au collectif 3A, une manifestation nationale pour contester la politique du gouvernement et sa légitimité à la mener au moment du vote du budget. Les manifestations qui ont eu lieu le 15 novembre ont été parmi les plus importantes depuis plusieurs semaines même si elles n’ont pas été à la hauteur de la gravité des attaques gouvernementales. A l’inverse de ce qui se passe en ce moment ailleurs en Europe avec les manifestations massives de Bruxelles, Rome, Athènes ou encore Londres, l’austérité ne mobilise pas encore autant en France. La dissémination des manifestations sur le territoire au lieu d’une seule manifestation centrale à Paris comme nous le proposions, explique en partie cet effet. Mais il y a des ressorts plus puissants dont la désorientation profonde dans laquelle la politique de François Hollande entraîne le pays. Elle favorise une atomisation sociale. Rien ne permet cependant d’affirmer que ce n’est pas sur ce terrain qu’aura lieu finalement une explosion sociale. De ce point de vue la journée nationale du 15 novembre constitue un acquis précieux. Elle a été un succès par le nombre et la diversité inédite des organisations signataires : partis politiques, syndicats, dont de très nombreux de la CGT, associations. Et ce sur une opposition frontale avec la politique du gouvernement. Dans cette période où le regroupement et l’élargissement des forces d’opposition à la politique menée sont essentiels, le collectif 3A peut jouer un rôle précieux de front social et politique. Il convient de le développer avec des initiatives démontrant qu’une alternative écosocialiste existe. Le PG continuera à œuvrer en ce sens en son sein et contribuera à l’ancrer dans les territoires. Les militants du Parti de Gauche poursuivront leurs actions dans les mobilisations locales sociales, citoyennes et écologiques, en assumant leur rôle d’implication, parfois de déclencheurs de luttes et toujours, d’éclaireurs. Contribuer à rendre acteur de leur vie celles et ceux qui ne veulent plus subir, permettre des victoires, même modestes, est essentiel pour redonner confiance au peuple en lui-même et contribuer à le fédérer pour la conquête de sa souveraineté.

Sur le plan des solutions alternatives, le Parti de Gauche engage de façon complémentaire une campagne de long terme autour de propositions d’un plan d’urgence écosocialiste centré sur 15 mesures clés de rupture. Elles illustrent concrètement les changements immédiats à mettre en œuvre avec un gouvernement de salut public pour se réapproprier la richesse volée au monde du travail depuis 30 ans et changer le rapport de force.

Contre la réforme territoriale, le Parti de Gauche a également engagé une campagne nationale pour exiger son retrait et dénoncer son caractère « déconstituant », car derrière elle c’est toujours l’affaiblissement continu de la souveraineté populaire dont il est question.

Sur le plan environnemental, nous poursuivrons la mobilisation contre les grands projets nuisibles en exigeant l’abandon de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, des LGV Lyon-Turin, Poitiers-Limoges, Bordeaux-Toulouse, de la Tour Triangle et du barrage du Sivens. Soutenir partout les collectifs, associations, citoyens qui se mobilisent pacifiquement dans les ZAD et contre les GPII pour la défense de nos écosystèmes et contre les dénis de démocratie. Mais c’est aussi le sommet sur le climat de Paris fin 2015 que nous entendons déjà préparer en travaillant à une campagne d’ampleur pour contraindre les Etats à prendre des mesures drastiques en matière d’émission de gaz à effet de serre, en faveur de la transition énergétique et en soutenant les actions et mobilisations sociales, notamment celles des collectifs Alternatiba et de la coalition Climat 21..

Ces différents engagements et campagnes répondent aux exigences du court terme : en finir avec la politique menée le plus rapidement possible et exiger la démission du gouvernement Valls comme nous l’aurions fait pour n’importe quel gouvernement de droite qui serait dans sa situation.

Poursuivre et gagner la bataille pour le droit de révoquer les élus

Il est une autre bataille, première, dans l’objectif de mobiliser le peuple. Celle de reconquérir sa souveraineté. Cette bataille part d’une critique radicale de la monarchie élective qu’est la 5ème République qui aggrave les attaques sur la souveraineté populaire déjà largement engagées par le néo-libéralisme et son cheval de Troie a-démocratique qu’est l’UE.

Le PG est entré dans la campagne pour la 6ème République à travers sa votation citoyenne sur le droit de révocabilité des élus. Elle a démontré toute sa pertinence. La votation citoyenne pour le droit de révoquer les élus a été caractérisée par une très forte mobilisation des comités du PG puisqu’elle a eu lieu dans 75 départements, y compris l’Ile de La Réunion, la Guadeloupe et chez les Français de l’étranger. Elle a donné lieu à des discussions de grande qualité avec les votants, qui avaient des profils très divers, y compris des abstentionnistes. Elle a été très largement couverte par la presse régionale ce qui a donné une visibilité locale au PG, en plus de la visibilité nationale. Cette revendication est une solution concrète et donne envie de se battre pour elle. Fort de ce succès encourageant, le Parti de Gauche propose que la prochaine édition de la votation soit organisée par un rassemblement citoyen le plus large possible.

Le PG fera l’ensemble de ces propositions au Front de Gauche et plus globalement à toutes organisations de gauche opposées au gouvernement mais aussi évidemment au M6R.

L’audience de la votation citoyenne a révélé un peu plus la crise de régime. Chaque semaine apporte en effet des éléments qui délégitiment la caste politique qui se partage l’essentiel des pouvoirs. Le théâtre d’ombre de la 5ème République entre des clans politiques qu’aucune ligne politique ne sépare plus en réalité est en train de s’effondrer et François Hollande en est le fossoyeur involontaire. La votation citoyenne aura été un révélateur utile : les réactions opposées de Florian Philippot ou les tentatives d’interdiction du cumulard sénateur-maire FN de Fréjus auront confirmé que leur parti est à la fois du côté du système et que ses traditions non républicaines s’accommodent fort bien, comme le PS et l’UMP, de la 5ème. Peut-être justement parce que la monarchie présidentielle est étrangère, au fond, à la République.

Sortir par le haut : la 6ème République et la Constituante

Nous voyons dans la bataille pour la 6ème République, la solution pour tenter d’éviter le pire auquel nous entraîne la politique menée. En effet, le haut ne peut plus, le bas ne veut plus : le « qu’ils s’en aillent tous » va toujours plus dominer la période. La prochaine élection présidentielle ne sera donc pas une alternance tranquille. Le problème c’est que pour le moment le volcan s’est ouvert sur son mauvais versant. Depuis deux ans, le FN se nourrit en effet de la politique de François Hollande et de la promotion qui lui est faite. Marine Le Pen au 2ème tour n’est aujourd’hui plus une crainte mais une possibilité de plus en plus forte. Ce qui est nouveau c’est qu’on ne peut plus exclure qu’elle gagne. Avec sa vision ethniciste et néo-fasciste, le FN s’adosse désormais à un discours antilibéral de façade (contredit par les faits, dont leurs comportements et leurs votes antisociaux dans les assemblées où ils sont élus) qui pourrait battre un candidat libéral qu’il soit UMP ou PS.

Voilà ce à quoi nous devons faire face. Nous devons trouver la solution pour que notre « camp », celui d’une République laïque, écologique et sociale, soit au 2ème tour. Comment ? En permettant au peuple de se réapproprier la politique, en remportant la bataille idéologique contre le « There Is No Alternative » avec des mots d’ordres et propositions concrètes quant au partage des richesses.

Voilà pourquoi le Parti de Gauche œuvre pour la 6ème République et pour une assemblée constituante. Cette bataille, qui était déjà au cœur des plus grandes initiatives de la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon et de la marche du 5 mai 2013, est plus que jamais d’actualité. Mais il s’agit cette fois de matérialiser le Front du Peuple que nous appelons de nos vœux.

Nous devons partir de l’analyse tirée de l’échec du Front de Gauche aux européennes car nous n’avons pas atteint nos objectifs : le PS s’est bien écroulé mais le Front de Gauche n’est pas passé devant. En mobilisant ses électeurs de la présidentielle, le Front National a profité de l’abstention massive qui est la marque d’une démocratie d’apparat. L’absence de stratégie nationale commune aux municipales, la division qui en a résulté, nous a rendu largement illisibles. Les alliances du PCF avec le PS lors des élections municipales ont ramené le FdG dans le « système ». Le FdG est apparu comme un cousin très critique, mais un membre de cette famille de la gauche qui gouverne.

De plus, notre stratégie originelle était de réunir l’autre gauche pour changer le rapport de force face au PS. Elle a montré sa limite. Elle a très bien fonctionné jusqu’à la Présidentielle en sortant « notre gauche » de la marginalité pour en faire un outil incontournable. Mais après trois ans de présidence Hollande, la référence à la gauche se trouve dévaluée et les citoyens désorientés en profondeur par sa politique. Affirmer cet objectif peut mobiliser encore la partie la plus politisée de l’électorat mais cela ne nous permet pas de convaincre au-delà tous ceux qui nous assimilent au système. Nous faisons nôtre l’affirmation de nos camarades de Podemos, « le système n’a plus peur de la gauche, il a peur du peuple ». Ce qui signifie en retour que le peuple ne compte plus sur LA gauche pour changer le système et donc qu’il ne peut être question de rechercher des alliances avec le PS. Il faut donc être capable de construire une alternative qui ne dépende pas de forces du système libéral.

Nous voulons faire de la 6ème République notre candidate

Nous espérons que le mouvement pour la 6ème République initié par Jean-Luc Mélenchon devienne cette alternative concrète et rapide à la crise démocratique qui sévit. Nous nous félicitons du succès de la plateforme internet du mouvement pour la 6ème République qui, fin novembre, a déjà recueilli plus de 70 000 signatures, confirmant la pertinence de ce mouvement citoyen.

Le Parti de Gauche pose en effet la question du pouvoir par et pour le peuple. Le capitalisme, qui assume lui la lutte de classe, atomise le peuple, l’éclate en une multitude d’individus pour détruire la conscience de classe. Le peuple, ce sont pourtant ces millions d’ouvriers, employés, précaires et chômeurs, artisans et paysans, jeunes ou retraité-e-s, victimes du capitalisme financiarisé, isolés par le démantèlement des solidarités sociales, souvent relégués dans les zones périphériques où ils subissent une inégalité spatiale, sociale et économique. Mais déjà des citoyens se rassemblent dans les luttes sociales, écologiques et démocratiques. Ce sont ces usagers en lutte contre la fermeture d’un service public, tels ces parents d’élèves, enseignants et personnels de l’éducation nationale, mobilisés contre la sortie de l’éducation prioritaire de leur école, ces habitants qui refusent de laisser des multinationales s’accaparer les biens communs (eau, énergie, transports, etc.) et saccager l’écosystème humain. Ce sont ces jeunes, en pointe de la lutte contre les grands projets inutiles et imposés, réunis dans des Zones à Défendre et victimes d’une stratégie de la tension et de la répression. C’est en se fédérant dans l’exigence de la souveraineté populaire et dans l’affirmation de l’intérêt général que tous se constituent en peuple politique. C’est dans l’exigence de la souveraineté dans la cité que ces milliers de citoyen-n-e-s aux vies éclatées et individualisées prennent conscience de leur unité. C’est pourquoi le principe de la convocation d’une assemblée constituante – indissociable de l’appel à la 6ème République – n’est pas seulement une méthode, c’est en réalité l’expression d’une volonté : que le peuple re-conquière sa souveraineté dans le cadre de la Nation. C’est un moteur essentiel. C’est donc à toutes celles et ceux mobilisés dans cette campagne qu’il revient de dessiner ce que pourrait être une 6ème République. Le PG entend promouvoir sa conception de la 6ème, en proposant par exemple : instaurer une république sociale, en finir avec le fait que la politique soit une carrière réservée à une minorité, la règle verte, un régime parlementaire, mais surtout que le peuple soit souverain partout et tout le temps par le droit de révoquer les élus, par les référendum d’initiative populaire, et par le renforcement du pouvoir des salariés qui contestent celui du capital.. La constitution de la 6ème République devrait être également l’occasion de proclamer de nouveaux droits fondamentaux de la personne pour reconquérir l’égalité civile et sociale, et ce quels que soient les lieux de résidence, en métropole comme pour les Outre-mer. Car nous voyons la 6ème République comme une réponse globale dans un moment où le capitalisme prive le peuple de sa souveraineté, et non seulement comme une approche institutionnelle.

Nous contribuerons donc au M6R comme d’autres individus, collectifs et organisations. Nous mettrons au pot commun de la bataille pour la 6ème République nos campagnes de terrain fondées sur des méthodes novatrices en provoquant des porte-à-porte, des ateliers constituants, des prises de « Places de la 6ème République », et tout ce qui participera à la libération des énergies pour créer du débat et de la mobilisation citoyenne.

Pour convaincre la population de la pertinence de ce projet, il est nécessaire de lui démontrer qu’il lui est utile ici et maintenant. En aboutissant par exemple à des actions concrètes auprès des habitants et dans leurs quartiers pour ainsi les aider à résister dans l’enfer néolibéral qui met aujourd’hui nos vies en danger. Cela contribuerait à donner des outils aux habitants pour s’organiser contre les propriétaires d’immeubles qui refusent les réparations, contre les coupures d’électricité et contre les coupures d’eau. Nous montrerions ainsi que la 6ème République dépasse le seul projet électoral. Elle est bien une action immédiate se poursuivant avec les citoyens pour leur permettre de se réapproprier leur quartier, leur ville, leur entreprise, leur pays.

L’objectif est ambitieux et la tâche immense : remettre en mouvement au moins une partie des millions d’abstentionnistes des dernières Européennes par l’implication citoyenne. L’élection présidentielle à venir ne doit pas reproduire le match de 2012. Il faudra tourner la page de ce système politique, de son modèle économique et sa soumission aux traités européens. Nous voulons faire de la 6ème République notre candidate. C’est-à-dire que l’abolition de la monarchie présidentielle, et la souveraineté du peuple sont nos objectifs.

Il est vrai que les événements politiques nous aident. Comment en effet s’intéresser à ces pantins que rien ne différencie et qui prennent leurs ordres à Berlin, Bruxelles ou au siège du Medef ? Tout ce monde est à bout de souffle. La bataille pour la 6ème République est à la fois la façon de dire « qu’ils dégagent » et de présenter une solution alternative radicalement différente de tous les partisans de la monarchie présidentielle que sont le PS, l’UMP comme le Front National…

Le Front de Gauche doit se dépasser

Le mouvement pour la 6ème République n’est pas un prolongement ou un remplacement du Front de Gauche. Bien sûr nous espérons convaincre l’ensemble de ses composantes de participer activement avec nous à ce processus à condition d’accepter que ce mouvement citoyen nous dépasse. C’est la condition de la révolution citoyenne.

Le Front de Gauche a sa propre fonction, ses propres campagnes, sa propre utilité à engager des rassemblements avec tous ceux qui s’opposent clairement à la politique du gouvernement car construire un mouvement citoyen n’est pas contradictoire avec la nécessité de renforcer les corps intermédiaires qui se battent dans le même objectif. Nous œuvrerons aux initiatives que les composantes du Front de Gauche pourraient prendre ensemble, comme les Assises, tout en excluant tout ce qui pourrait nous entrainer dans des jeux de recomposition et de rapports de force internes au PS et plus globalement à la majorité gouvernementale. Car il n’y a pas d’un côté un gouvernement qui mènerait une politique libérale et de l’autre un PS qui y serait majoritairement opposé, ce qui ne nie pas pour autant l’existence de militants du PS sincèrement révoltés par les politiques menées. Mais c’est bien le PS qui s’est majoritairement converti à la ligne européenne libérale comme l’avait fait avant lui les autres partis sociaux-démocrates européens. Nous ne croyons donc pas à un « changement de cap » interne au PS à l’occasion de son congrès en juin. Dans tous les cas, rien de ce que le FDG peut engager ne doit en dépendre. C’est pourquoi nos initiatives doivent réunir uniquement des forces et personnalités qui rompent clairement avec la politique de François Hollande et de Manuel Valls. Le positionnement de Nouvelle Donne, d’EE-LV ou encore du NPA leur donne déjà toute leur place dans cette démarche.

Pour des listes d’initiative citoyennes et d’opposition à la politique du gouvernement aux élections départementales

Le Front de Gauche doit tirer le bilan des stratégies électorales des deux dernières années. Rien ne serait pire que de reproduire les erreurs des municipales et des Européennes. Nous devons lucidement tirer le bilan de ces élections afin de ne pas retomber dans les mêmes écueils et les mêmes échecs. Les élections à venir doivent être abordées comme un jalon dans la construction d’un rapport de forces qui se dénouera en 2017.

Cela passe par une clarté implacable vis-à-vis de la politique menée au gouvernement. Le PS connaîtra une sanction historique à la hauteur du discrédit de François Hollande et de son gouvernement. Sa politique et ses appels au vote « utile » feront encore une fois le terreau du Front National. Tout est fait pour que celui-ci mobilise son électorat et obtienne un fort pourcentage. C’est pourquoi l’autonomie vis-à-vis des forces du système est une première condition incontournable pour nous pour des listes communes aux élections départementales et régionales de 2015. Cela exclut toutes formes d’accords réciproques avec le PS (partage des cantons, binôme sur le même canton…).

Mais cela ne saurait être suffisant. Les élections européennes, après d’autres, ont montré à nouveau le désaveu massif qui frappe l’ensemble des appareils politiques. On peut d’ores et déjà assurer que l’abstention sera le premier parti aux élections de 2015. Si le Front de Gauche n’a pas su incarner une alternative, c’est aussi car il est apparu comme un outil sans capacité propulsive pour celles et ceux qui ne renoncent pas à changer les choses.

Les élections départementales doivent donc permettre de montrer qu’un autre avenir est possible. Nous devons y permettre la démonstration qu’une autre voie est possible face à la triple impasse dans laquelle est enfermée notre pays : écologique, austéritaire et démocratique. Nous proposerons donc aux citoyens d’ouvrir une perspective pour une autre politique, pour le refus des politiques d’austérité, pour une action volontariste pour l’écologie avec notamment le refus des Grands Projets Inutiles et Imposés qui, partout en France, constituent des germes de luttes et de résistance.

Mais surtout, ces élections ne peuvent pas être une formalité politicienne. Il faut donc créer les conditions de majorité citoyenne. Cela nécessite un haut niveau d’exigence sur les questions démocratiques : nous devons donner une traduction concrète à notre revendication d’une Assemblée Constituante pour une 6ème République.

Cela commencera au début de la campagne par la mise en place d’assemblées citoyennes par canton pour désigner les candidates et candidats, co-élaborer le programme et mener la campagne. Ces candidats pouvant être proposés par les partis soutenant la démarche ou bien directement à titre individuel dans l’assemblée elle-même. Cela se poursuivra par des exigences en terme de non cumul des mandats, de refus des pratiques politiciennes, et par des engagements clairs pour permettre une véritable implication des citoyen-ne-s après l’élection : organisation de votation citoyenne à chaque fois que nécessaire, poursuite des assemblées citoyennes après la campagne pour permettre le débat sur les orientations du Conseil Général, engagement sur la base de la charte ANTICOR, etc …

Nous proposons que l’ensemble de ces candidatures citoyennes soit identifié nationalement par une charte et un label commun avec l’objectif que celui-ci soit présent sur l’ensemble du territoire. L’attribution de ce label se fera dans une cohérence départementale et non canton par canton. Avec cet objectif, le PG s’adresse donc à l’ensemble des partenaires potentiels, notant que certains d’entre eux ont déjà engagé des réflexions très voisines des nôtres. Nous nous adresserons donc au Front de Gauche bien sûr, mais aussi à Europe-Ecologie – Les Verts, à Nouvelle Donne, au NPA et à toutes autres organisations ou mouvements, nationales ou locales, qui se retrouveraient dans cette démarche.

Nous souhaitons permettre un accord national le plus large possible basé sur la clarté vis-à-vis de la politique gouvernementale, avec des conditions qui doivent permettre que les citoyens s’emparent de cette démarche. Le Parti de Gauche se donne donc jusqu’à début janvier pour vérifier la concrétisation de ce processus citoyen.

Un Parti de Gauche en mouvement pour faire place au peuple

Face à une situation instable, le PG doit plus que jamais être en mouvement. La situation est grave mais des failles existent déjà, raison pour laquelle nous décidons de porter un effort militant important à la 6ème République et au soutien du M6R. Mais d’autres failles peuvent survenir à tout moment. Par exemple lors d’une explosion de colère sociale ou un accident de parcours de plus mettant le feu au poudre dans le dispositif de l’actuelle majorité au pouvoir. Le PG doit être en capacité d’épouser toutes les modalités de l’action sans en abandonner une seule, en les liant sans toujours les confondre :

– Rassembler sur des mots d’ordre clairs le mouvement le plus unitaire possible pour combattre et obtenir des victoires face à la destruction des acquis sociaux et les politiques austéritaires et productivistes imposées par l’Union Européenne et organisées par les gouvernements successifs ;

– Travailler partout à faire de la 6ème République notre candidat contre l’ordre établi et les certitudes du vieux monde ;

– Faire vivre l’horizon de l’écosocialisme que nous entendons construire comme une alternative globale et internationale face au capitalisme en poursuivant le travail d’assises.

Les enjeux des années à venir impliquent donc un parti fort et toujours mieux implanté sur tout le territoire, capable d’accueillir de nouveaux adhérents dont les jeunes. C’est pourquoi nous décidons de mettre en place un plan national de renforcement et de développement qui intégrera un volet accentué sur la formation, un appui aux départements et une campagne d’adhésion visant un essor important d’adhérents d’ici la fin 2015.

Il est déjà tard dans le siècle. Mais le Parti de Gauche n’entend pas se résigner à un avenir tragique. Au contraire la possibilité de construire une autre conscience collective dans la société est toujours à notre portée. Nous voulons montrer que la voie pour des jours meilleurs existe et qu’elle est enthousiasmante. Elle passera par et pour le peuple.

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